Atelier Lemaire Restauration et Conservation de Meubles Anciens

La Nouvelle République

Vendredi 13 septembre 2002 – N° 17.594

Le magicien des bois précieux

Depuis 1983, Bernard Lemaire a installé son atelier de restauration de meubles anciens à Tours, rue Lamartine. Passionné par l’objet et l’ancien, l’artisan livre, ici, une partie de son jardin secret. La boutique est ancienne. On aurait pu imaginer, à l’intérieur, un vieil homme qui aurait connu l’atelier depuis tout petit, reprenant le flambeau familial. On aurait pu seulement… Car lorsque Bernard Lemaire, la quarantaine légèrement passée, ouvre sa porte, cette image se casse aussi sec. Comme quoi… L’atelier reste quant à lui authentique. Le parquet est un peu cabossé. Il y a des meubles anciens, du bois partout, du matériel et quelques machines. Mais surtout, il y a cette odeur, incomparable, unique… Un curieux mélange de bois, de cire, de vernis qui sied bien à l’atmosphère de la boutique. Charmant. Diplômé de l’École Boulle à Paris en « ébénisterie », l’homme n’a pas immédiatement choisi cette carrière. « Avant de me lancer, j’ai d’abord fait quatre ans dans l’enseignement. Pour diverses raisons, j’ai arrêté . J’ai ensuite dû suivre une formation de remise à niveau, en Normandie, pendant un an. J’ai alors travaillé à la restauration de meubles en marqueterie, qui est devenue ma spécialité. En 1983 j’ai ouvert mon atelier à Tours », confie-t-il. L’ébéniste ou plutôt « restaurateur », car on n’a pas tout à fait les mêmes fonctions. Un ébéniste fabrique un meuble. Moi, je redonne vie aux objets. Le meuble existe déjà, mais il a besoin d’une seconde jeunesse », (rectifie-t-il), vit pleinement son métier. « La magie opère. Ici, c’est mon antre, mon jardin secret. En dehors de la fatigue physique et nerveuse, je suis toujours heureux d’aller travailler. En plus j’ai la chance d’avoir la liberté de choisir mes horaires. Je suis à pied d’œuvre en même temps que mes enfants sont à l’école », s’enthousiasme Bernard Lemaire. Plus encore, il touche du doigt ce qu’il a toujours souhaité faire. « Je suis un manuel ! » déclare-t-il. Dès lors, il apprécie de toucher des matières aussi riches que l’ivoire, les bois précieux, l’écaille de tortue ou de laiton, la nacre… Les autres sens ne sont pas en reste. La vue joue notamment un rôle considérable. « Avant de lancer la réfection d’un meuble, il y a toute une phase d’observation. C’est très important !, avoue-t-il. Il est rempli de cette sensibilité, qui caractérise tout artiste digne de ce nom. A tel point qu’il s’approprie chaque meuble qu’il restaure. « Une fois même j’ai parlé à mon client de MON meuble. Il m’a rectifié immédiatement », dit-il encore en souriant. Un lapsus bien révélateur de cette passion qui l’anime.

Xavier RENARD