Métiers 37
Atelier Lemaire : restauration « d’âmes »
« Les meubles ont une âme » explique Bernard Lemaire, restaurateur d’art installé à Saint-Cyr-sur-Loire. « A nous de les faire revivre » grâce à un savoir-faire qui exige passion, minutie et patience. Découverte d’un atelier aux multiples trésors… Qu’y a-t-il de commun entre un bureau Mazarin XVIIème en marqueterie d’ivoire et bois, une commode « sarcophage » et le dernier jouet de Louis XVII ? Ils ont tous bénéficié d’une cure de jouvence à l’atelier Lemaire ! Cartels, lits, tables, commodes, bibliothèques, pianos, secrétaires, billards… viennent de collections privées, partout dans le monde, pour renaître sous les doigts de Bernard et de ses deux employés. Ils arrivent démantelés, abîmés, cabossés… Des heures, des semaines, des mois de travail sur tous les matériaux sont nécessaires pour redonner vie à ces objets d’art sans trahir leur esprit d’origine. « En marqueterie, il faut savoir travailler le bois, le laiton, l’ivoire, la nacre, l’écaille de tortue, l’étain, la corne, c’est un métier complet ! »… Plus de deux cents pièces estampillées sont passées à ce jour dans l’atelier !
Une équation créative !
« Il faut avoir un petit grain de folie pour être restaurateur ! Plus c’est compliqué, plus j’aime ! » rigole Bernard, intarissable sur les meubles Hache, Jacob… A chaque fois, c’est une nouvelle équation créative ! « Autour du meuble qui arrive, nous nous réunissons pour définir la meilleure stratégie de travail. Après réflexion, les étapes s’enchaînent les unes aux autres, comme un puzzle ». Bernard Lemaire a d’ailleurs enseigné « ce petit grain » en France et à l’étranger après être sorti de l’école Boulle. « Je suis resté vingt cinq ans à Tours avant de venir en 2007 à Saint-Cyr. Nous travaillons avec des produits traditionnels mais les moyens de mise en œuvre sont plus modernes qu’avant, comme le collage ou l’imprégnation sous vide » commente Bernard. « Nous sommes trois aujourd’hui et dans un souci de qualité de travail… il nous faut de la place. Mon petit atelier de la rue Lamartine ne suffisait plus » !
Reprise du flambeau
« J’ai décidé d’anticiper les problèmes liés à la succession : dans quelques années je serai à la retraite et Julien Hebras reprendra l’atelier dans la continuité. Il est entré il y a déjà six ans chez moi pour finir sa formation en BTMS après des qualifications complémentaires en marqueterie et tournage sur bois ! En obtenant la qualification « Monuments Historiques », il a apporté un plus à l’atelier » explique Bernard. Progressivement, Julien a appris le métier, la clientèle, la patience et le petit grain… tout en douceur ! En effet, ce dernier parait tout autant passionné que son maître et tous deux semblent vivre une belle complicité d’artiste !
Bernard LEMAIRE (à droite) et Julien HEBRAS
« En marqueterie, il faut savoir travailler le bois, le laiton, l’ivoire, la nacre, l’écaille de tortue, l’étain, la corne, c’est un métier complet ! »