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Le restaurateur est un artiste
Un peu plus de 30 ateliers ont ouvert leurs portes lors des premières Journées des métiers d’art. A Tours, une vingtaine de curieux ont rendu visite à Bernard Lemaire, restaurateur de meubles anciens. PAS de machines. De petits outils tout simplement : rabots, ciseaux, racloirs, gouges, spatules. Ou alors des outils « inventés », tels les baleines de corset pour décoller de fines lames de marqueterie sans craindre la brisure. Le restaurateur-conservateur de meubles anciens est une espèce de chirurgien. S’il n’ose pas dire qu’il opère une greffe, il avoue pratiquer « la technique de transfert », ce qui revient au même. « Je dois redonner vie à de l’ancien, dit Bernard Lemaire. On ne me demande pas de fabriquer : je pars d’un produit déjà existant ». Face à un secrétaire estampillé du XVIIIe siècle, à une table de jeux marqueterie Boulle, ou à un cartel Louis XIV en écaille de tortue et laiton, on comprend bien qu’il maîtriser les techniques de l’époque, tant pour décoller les parties abîmées de la marqueterie que pour reproduire à l’identique les parties manquantes… « A un certain niveau de meuble, on ne peut pas faire n’importe quoi, dit-il. Il est arrivé qu’on m’apporte une pièce estimée à 600.00 F : vous imaginez bien qu’on ne peut travailler qu’en confiance avec le propriétaire de l’objet. » Diplômé de l’école Boulle, technicien supérieur en ébénisterie, Bernard Lemaire est installé à Tours, au 6 rue Lamartine, depuis bientôt vingt ans. Vingt ans de plaisir : « Dans ce métier, on est à la fois dans l’ancien et le très moderne, explique-t-il. De plus en plus, on pratique les collages sous vide, on mesure l’acidité des produits pour choisir celui qui conviendra le mieux : je prends mon pied ! ».
Un savoir à transmettre
A ses côtés, un ouvrier et un apprenti recruté après l’obtention du CAP. « Je prends aussi des Compagnons du devoir, qui passent une année ici sur le chemin de leur Tour de France : c’est vraiment très agréable, ce sont des perfectionnistes qui ont une énorme envie de travailler. Et puis, transmettre un savoir est un vrai bonheur ». Il convient de préciser que Bernard Lemaire a commencé sa carrière comme enseignant. Quant à sa clientèle, ce sont parfois des professionnels (des antiquaires), mais pour l’essentiel des particuliers : « La clientèle la plus agréable, la plus exigeante aussi ! », dit-il. Une mise en garde s’impose cependant : si vous avez un meuble ancien à restaurer, ne soyez pas trop pressé : son carnet de commande est plein jusqu’en octobre 2003.
Michel MONGARNY.